Le syndrome de Diogène est une maladie qui relève du trouble du comportement. Elle peut se déclarer chez des profils relativement différents. L’une de ses caractéristiques est l’accumulation compulsive d’objets chez soi. On pourrait penser que l’intervention d’une professionnelle du tri et du rangement apporterait de l’aide à la personne malade. En réalité, c’est beaucoup plus compliqué et délicat que cela. Le syndrome de Diogène est une pathologie qui nécessite une réelle prise en charge psychologique, voire psychiatrique dans certains cas. Je vous en dis un peu plus.
Le syndrome de Diogène : qu’est-ce que c’est ?
Pour mieux comprendre le syndrome de Diogène, on pourrait diviser ses symptômes en 3 grandes catégories :
- la syllogomanie, c’est le fait d’accumuler des objets de manière compulsive ;
- l’incurie, c’est le fait de négliger ses propres besoins tels que l’hygiène ou l’alimentation ;
- ainsi que l’isolement social, qui est souvent associé au déni, un mécanisme de défense par la personne malade pour se protéger et se rassurer.
Les personnes qui souffrent du syndrome de Diogène sont donc des personnes qui accumulent des objets de manière excessive, peu importe leur utilité. Elles se retrouvent rapidement dans des maisons surchargées, avec des piles d’affaires un peu partout. Cela peut aller, parfois, jusqu’à ramener des déchets, de l’extérieur vers l’intérieur de chez elles.
Dans certains cas, elles ne se débarrassent pas non plus de leurs propres déchets. Leur maison ou leur appartement deviennent rapidement ce que l’on qualifie d’« insalubre ».
Une home organiser peut-elle ranger et nettoyer chez une personne atteinte de cette maladie ?
Vous avez peut-être déjà vu ce type de profils dans des émissions comme « C’est du propre ». En réalité, ces interventions sont assez catastrophiques. Pourquoi ? Parce que ce sont des personnes malades et qu’on va ranger chez elle, mais derrière ça ne tiendra pas dans le temps.
Le travail ne doit pas se faire uniquement sur le matériel, il doit aussi – et surtout – être psychologique. Les malades souffrant du syndrome de Diogène ont besoin d’une prise en charge médicale.
C’est pour cela que les professionnelles de l’organisation comme moi (home organiser, coach en rangement, etc.) n’interviennent pas dans ces situations. Nous sommes là pour accompagner nos clientes vers un mieux-être grâce au désencombrement. Mais nous ne pouvons pas correctement prendre en charge une personne malade. Nous ne sommes pas formées pour cela.
Comment aider une personne souffrant du syndrome de Diogène ?
Il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas seulement d’accumuler trop d’objets. La maladie fait qu’au bout d’un moment, la personne ne voit plus tout ce qu’il y a autour d’elle, dans sa maison. Les autres symptômes l’empêchent de demander de l’aide pour se faire accompagner. Et elle ne peut rien y faire.
C’est pour cela que c’est très délicat à prendre en charge. La personne a tendance à se protéger par le déni et l’isolement social. Elle se coupe de son entourage (famille, amis) pour ne pas s’exposer au stress et au jugement.
La forcer à ranger et/ou à demander une aide médicale peut aggraver la situation. Dans environ un cas sur deux, la maladie de Diogène s’accompagne d’une autre pathologie comme la schizophrénie ou l’Alzheimer. C’est donc à prendre très au sérieux, avec beaucoup de patience et de bienveillance.
Quant au nombre de personnes atteintes, voici ce que dit la Sggif :
« Bien que le nombre d’individus réellement touchés par ce syndrome ne soit pas connu, on estime que 30 000 personnes auraient besoin d’être prises en charge. »
Malheureusement, la plupart du temps le syndrome de Diogène est décelé trop tard, une fois que la personne est décédée.
L’histoire tristement célèbre des frères Collyer
C’est le cas de la triste histoire des frères Collyer. Issus d’une famille riche à New York, ils ont hérité, assez jeunes, de la fortune de leurs parents. Ils vivaient tous les 2 dans leur appartement à Harlem.
Mais l’un des deux hommes a, peu à peu, perdu la vue jusqu’à devenir aveugle. Il dépendait alors de son frère. Ce dernier, persuadé que son frère allait recouvrer la vue, commença à accumuler des piles et des piles de journaux pour les lui donner, dès qu’il pourrait lire à nouveau.
Des rumeurs plus folles les unes que les autres circulaient à leur sujet. La paranoïa les a gagnés. Vivant de plus en plus isolés, ils ont fini par se couper totalement du monde extérieur.
C’est finalement suite à des plaintes du voisinage que la police a fini par forcer l’entrée dans l’appartement. Ils ont alors découvert les deux frères décédés : l’un écrasé sous des piles de journaux, l’autre de faim (à quelques jours d’intervalle), ne pouvant plus se déplacer ni se nourrir seul.
Évidemment, c’est une histoire tragique et un exemple assez extrême.
Mais il est important de garder en tête qu’on ne peut pas aider une personne souffrant de Diogène uniquement par le rangement et le ménage. Même si on désencombre sa maison, le désordre reviendra toujours.
Si vous connaissez quelqu’un atteint de cette pathologie dans votre entourage, je vous invite à vous rapprocher de professionnels compétents pour vous aider à mieux comprendre la situation et prendre la bonne décision pour sa santé.
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